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1 février 2006 3 01 /02 /février /2006 16:03

Fidèles à la tradition instaurée à la Galerie, nous avons décidé d’animer des ateliers « pains » avec les enfants du centre. Hier nous sommes donc partis à la recherche de levure de boulanger… Comment s’y prendre ?!? Nous décidons d’interroger le seul boulanger que nous connaissons à Kigali, un allemand, qui tient un restaurant-boulangerie pour Musungu.

 

 

Le hasard de nos pas nous amène auprès d’une autre boulangerie ayant un air beaucoup plus populaire. Après une légère hésitation, nous rentrons et demandons : « qui fabrique le pain ? » et « où peut-on trouver de la levure de boulanger ? ». Notre kinyarwanda trop pauvre nous oblige à parler français. Le vieux gérant de la boulangerie semble avoir bien du mal à saisir nos propos. Découragés, nous le suivons tout de même car il nous fait signe.

 

 

Où nous mène donc la patriarche ? Candide nous le suivons. Il nous entraîne vers le bâtiment jouxtant la boulangerie. On franchit une première porte, puis une grille de fer noir, sale et usé, qui nous plonge vers de pentus escaliers qui se perdent dans l’obscurité. Quand nous levons la tête, jusqu’alors accrochée au sol pour distinguer les marches cassés et glissantes, des visages, des figures apparaissent, dégoulinant de sueur, étonné par notre présence. Dérangeons nous l’inertie apparante ?

 

 

Une chaleur sourde et étouffante nous accueille dans les entrailles de Kigali. Nous sommes ici au point zéro, à l’origine. C’est en effet dans ce cloaque que tous les pains, beignets, mandaz et cakes,… de la ville prennent naissance.

 

 

Nous avançons dans la chaleur caniculaire. Les murs sont tapissés d’une épaisse couche de suie et de graisse. Les travailleurs semble se fondre dans le décor.

 

 

A votre gauche des femmes font cuirent des beignets sur des braseros incandescents. A votre droite des nits de braises dansent tranquillement en attendant de recevoir leurs doses de pâtes fraîches. En face des hommes préparent un plateau de pain. Il est prêt à être engloutis pas un énorme four à pain électrique qui n’aurait pas paru déplacé dans une exposition d’entre-deux guerres.

 

 

Sommes nous dans les coulisses du film « Underground » de Kusturica ?

 

 

Une voix nous interpelle :

 

-         Comment vous appelez vous ?

 

 

Un homme d’une trentaine d’années nous observe en souriant. La vue de deux blancs dans son antre à quelque chose d’incongrue.

 

 

Nous répondons :

 

-         Nitwa Ignace na Nitwa Ben

 

 

- A mais vous parlez kinyarwanda ? Répond l’homme en nous tendant la main.

 

 

- Kugerageza kwiiga ikinyarwanda. Buhoro buhoro bizaza. (Nous essayons…)

 

 

Après son rire, il nous explique en français (puisqu’il est boulanger…) l’utilité de chaque atelier, les différentes levures de boulanger qu’il existe au Rwanda,…

 

 

Nous lui expliquons nos occupations et déjà se profile l’éventualité d’une animation pain dans le centre en sa compagnie. Tuzareba.

 

 

Sur ce, il nous promet que nous nous reverrons bientôt et tien absolument à nous offrir un sac de beignets « pour la route »…

 

 

En gravissant les marches escarpés vers la sortie nous avons presque l’impression de sortir de « chez nous ». Portée par une douce euphorie silencieuse nous reprenons le preste pas de nos habitudes citadines. Que de mondes dans celui-là !

 

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